LA NOCE AU LOGIS
LA NOCE AU LOGIS
Un écrivain raté, quelque peu alcoolique,
Prit la plume et son pied dans un zeugma épique,
Retraçant çà et là et l’histoire et la fête
Des mots entremêlés de la polysyndète.
De la paronomase, il retrouva les sons,
Ivre du vin des dieux, mais pieux échanson.
Vers le vers léonin, il porta son esprit,
En teintant ses écrits d’un savoir érudit.
Encore un peu groggy de sa piètre rimaille,
Il reprit l’homophone, et fier de sa trouvaille,
S’amusa d’avoir mis sa chanson en rondel,
Brillant maître s’en fut du poème éternel.
Il rencontra un jour une aimable infirmière
Remplie de compassion pour cet apothicaire
De la strophe lyrique et du pur palindrome.
De l’amour elle vit le tout premier symptôme,
En l’appelant depuis, et c’est un euphémisme,
De noms doux à la voix pleine de romantisme.
« Je suis ton coryza, tu es ma redondance,
Viens chez moi te soigner avec effervescence,
Et je te ferai voir ma belle malléole
En échange de toi et de ton hyperbole. »
Là-dessus, il la prit dans ses bras contagieux
Pour courtiser sa muse au regard délicieux.
Et bientôt se passa une agréable vie
En forme de sonnet et de tachycardie.
Aucun petit hiatus ne vint troubler leur flamme,
La fièvre de leur cœur ne brûla pas leur âme.
Neuf mois plus tard naquit, comme l’on s’en doutait,
Un bel enfant qui fut d’Erato le portrait
Et téta goulûment le sein de Polymnie,
Dans l’affection des siens et en toute harmonie.
L’histoire finit là, mais ne dit pas encore
Le destin de chacun dans cette métaphore.
Imaginez-le donc, rêvez à votre guise,
Et faites de l’amour une sage devise.
ENVOI :
La poésie est une douce maladie,
Dieu nous garde d’en être un jour prochain guéris.
Jacqueline Paut
1er prix classique et néo-classique
Rencontres Européennes – Europoésie 2009